Témoignage de Cozic // Gilles Hénault : 100 ans, 100 regards
Source: Les Éditions Sémaphore, 2020
Sainte-Anne-de-la-Rochelle, 6 juin 2020
Cher Gilles,
je suis très honoré d’être invité à participer à cet événement 100 ans, 100 regards, organisé en votre hommage.
Je me permets que mon témoignage soit mis en parenthèse par deux extraits de votre poème « Notre jeunesse » :
« En ces temps-là, tous les paysages n’étaient que le ciel mouvant de nos fièvres
et nous cherchons en vain des visages pour notre soif de regards
et des lèvres pour notre soif de baisers. »
Nous avons fait connaissance. Vous étiez directeur du tout jeune Musée d’Art Contemporain de Montréal alors situé à la Cité du Havre.
Cette époque effervescente de l’art québécois nous a permis sans grand préambule d’y exposer nos œuvres. D’accès direct, vous écoutiez, très calme, nos désirs, nos folles élucubrations, toujours prêt à leur donner une chance de voir le jour.
C’est ainsi qu’en 1970, le MAC a présenté Jongle Nouilles, un pénétrable visuel tactile et sonore. On dirait aujourd’hui une œuvre immersive.
Sous votre direction, plusieurs expositions collectives de la jeune génération d’artistes dont nous faisions partie, eurent un très grand impact, sur des carrières aujourd’hui confirmée. Ainsi, vous avez assisté à la naissance de cet artiste virtuel COZIC créé par Monique Brassard et moi-même grâce à une étroite et passionnante collaboration. Je joins à cette lettre une photo fusionnelle de COZIC.
Gilles, vous étiez avant tout un poète et c’est le poète qui visitait les expositions et en faisant un compte-rendu dans la presse écrite, comme en témoigne, un extrait de cet article paru dans la revue Vie des Arts, (no 123, été 1986, page 76,77), à propos de notre exposition « Ptéryx » à la Galerie Graff de Montréal :
« L’oeil du regardeur caresse les plumes multicolores de ces Ptéryx, de ces ailes emportées dans les méridiens de l’imaginaire et qui font escale un moment pour notre plaisir. »
Et je conclurai avec ces deux derniers vers de votre poème « Notre Jeunesse » :
« Rien n’existe disons-nous sinon les folies qui mènent leur ronde au petit monde intérieur »
Yvon Cozic